Le nom de Coupvray


Sa première mention écrite date de la fin du IXe siècle.l’abbaye de Saint Maur des Fossés  possédait les terres de « Curte Protasio »  offertes vers l’an 820 par Louis le Pieux, roi des Francs et fils cadet de Charlemagne.

 

Puis, en l’an 853, Charles le Chauve, fils de Louis le Pieux, fit un don à cette même abbaye de plusieurs terres situées à « Coliaco » (Couilly), « Montericus » (Montry) et « Pravasia », terme qui semble se rattacher à notre commune. Nous retrouvons ces mentions au début du XIIe siècle dans les possessions de cette même abbaye sous cette double appellation traduite du latin : « Nous possédons au Diocèse de Meaux, l’église et le village qui est appelé  Curtis Protasia ou Pravasia avec ses dépendances ».

 

Enfin au milieu du XIIe siècle, toujours dans un cartulaire de Saint Maur qui décline en détail l’ensemble des redevances perçues à Coupvray, nous trouvons cette forme : « Curia Perversa qui se nomme plus commodément en langue française Copevres ».

L’étymologie peut nous permettre d’en appréhender la signification :

  • Curtis / Curia : ces termes sont issus du latin classique *cohors, signifiant "cour de ferme, basse-cour". Dans un contexte rural, le mot a désigné par extension la "ferme", le "domaine rural".

  • Protasia : associé au mot « Curtis », il semble désigner le nom de son propriétaire. Le nom « Protasius », bien que d’origine grecque, était déjà répandu en Gaule au IVe s.

  • Pravasia / Perversa : ces termes proviennent du latin classique *pravus qui peut avoir plusieurs significations assez péjoratives :

    • 1 - qui est de travers, tordu, faussé, dévié, difforme.

    • 2 - défectueux, irrégulier, mal fait, mauvais, qui a l'esprit faux, insensé.

    • 3 - dépravé, corrompu, pervers, vicieux.

Dans notre contexte, ce mot aurait-il pu désigner un lieu pauvre en terres fertiles et difficilement exploitable du fait de la présence de vallées, de collines et de marais ?

En dehors d’une interprétation difficilement vérifiable, nous pouvons en revanche avancer deux hypothèses expliquant cette double appellation :

1/ Les termes « Pravasia » et « Protasia » ne font qu’un et sont dus à une erreur de transcription dans les textes anciens. En effet les auteurs des cartulaires successifs, appelés copistes, usaient d’abréviations latines pour former leurs mots. La lettre ‘P’ barrée, utilisée dans notre cas, pouvait se prononcer *pro, *pra ou *pre. Le terme « P(ro)tasia » a très bien pu être confondu avec le terme « P(ra)vasia ».

 

 

« Curia Perversa » dans le Cartulaire de St Maur des Fossés 1156
Cartulaire de St Maur des Fossés 1156

2/ Les termes sont distincts et désigneraient deux habitats francs ou gallo-romains dispersés. Les fouilles archéologiques des dernières années ont révélé l’existence :

  • a/ d’une villa gallo-romaine à l’emplacement de l’école sur les terres de l’ancienne ferme des Prés. A ce propos, le mot  ‘pré’ issu du latin *pratus, au pluriel *pratensis, se rapproche du terme « P(ro)tasia ».

  • b/ de nombreux habitats gallo-romains détectés à Coupvray sur le plateau lors du chantier Disney. La concentration d’anciens lieux-dits liés à l’habitat tels «Courtouries », « Courteloup », « Courtalin », « les Mezières », « Maulny » (du latin « Malo Nido » pour ‘mauvais nid’) et « la Fontaine Coulevrain », tous situés de part et d’autre du chemin de Saint-Fiacre (aujourd’hui la RN 34), attesterait la présence en ce lieu d’une antique agglomération.

La surperficie du village, la plus grande du canton après Jossigny, tendrait à supposer l’existence à l’origine d’habitats dispersés. Le village fut d’ailleurs longtemps distingué entre Coupvray haut et Coupvray bas. Le premier relevant juridiquement de Crécy en Brie, le second de Meaux.

La désignation franque « Curtis Protasia » disparut au XIIe siècle au profit de « Curia Perversa », qui elle-même s’est transformée sous les formes suivantes :

  • Au XIIe et XIIIe siècle : Cuperverso, Curpreves, Corpevreis, Copevres, Coppevres,

  • Du XIVe au XVIe siècle : Coupevres, également latinisé en Coupevretum (le suffixe *etum désignant un lieu boisé), puis Coupevrez ou Coupvrez,

  • Au XVIIe et XVIIIe siècle : Coupevré en brie, Coupeuvray, Coupvrai.

La forme orthographiée « Coupvray » apparaît pour la première fois en 1609 mais elle ne sera régulièrement utilisée et adoptée qu’après la Révolution.

 

« Baronnie de Coupvray en brie» au 18esiècle
« Baronnie de Coupvray en brie» au 18esiècle

Quant au gentilé, les habitants de Coupvray ont d’abord été nommés les « Cupreviens » avant d’être dénommés les « Cupressiens ».

 

Cyril Anthoine.